La valeur des choses…
La crise actuelle suscite de nombreuses réflexions partagées sur les réseaux sociaux. Bon nombre d’entre elles se rapportent à une nouvelle mise en perspective de la valeur des choses: le travail, la santé, la famille, la possession de biens matériels, la production économique, etc..
Je me retrouve le plus souvent dans ces réflexions. Comme d’autres, je me rends compte par exemple comme j’ai pu m’attacher à certaines choses qui paraissent aujourd’hui dérisoires, lorsque la vie en collectivité, et la vie tout court, est mise en péril. Je réalise aussi comme j’en ai négligé d’autres: ma relation avec mes proches et mes amis par exemple. C’est évidemment dans le manque provoqué par le confinement que je me dis que j’aurais dû y consacrer davantage de temps et d’énergie.
Quel sera l’après?
Brel disait qu’il ne priait Dieu que lorsqu’il avait mal aux dents…
Dans le même esprit, toutes ces réflexions, personnelles et collectives, vont-elles survivre à la reprise de la vie « normale »…? Où allons-nous les oublier lorsque les circonstances auront changé? Allons-nous oublier « Dieu » (en réalité, ce qui nous dépasse, quel que soit son nom, la vie, l’essentiel, le véritable, le transcendant, notre Source) lorsque notre mal sera soulagé?
Pour rester connectés à ce nouvel éclairage sur la vie, il importe à mon sens d’ancrer nos nouvelles croyances, rendues possibles ou simplement favorisées par les nouvelles circonstances. Cet ancrage est facilité par l’expérience que nous vivons aujourd’hui: vivons là pleinement, en conscience, observons les émotions qu’elle provoque: la tristesse, la colère, la joie,… Regardons ces émotions comme un message que nous nous envoyons à nous-mêmes, un message de vérité si nous ne nous laissons pas submerger par lui mais que nous l’acceptons simplement. Je suis triste parce que je n’ai pas embrassé ma mère depuis dix jours. Je suis en colère parce que ma fille n’a pas de masque de protection lorsqu’elle travaille. Je suis joyeux de prendre le temps de parler à mon épouse et mes enfants.
L’expérience de la peur de manquer…
Cet ancrage peut aussi passer par la prise de conscience de notre relation à l’argent. A l’annonce du confinement, beaucoup d’entre nous ont ressenti la peur de manquer, adoptant ainsi des comportements compulsifs qui, hors d’une période de stress, paraîtraient ridicules, comme le stockage frénétique de papier toilette… Cette peur aussi, il est bon de l’accueillir et de voir à quel point elle nous dévoile fragiles et vulnérables. Elle illustre à merveille le fonctionnement de nos projections inconscientes: nous voulons nous approprier du papier toilette comme si notre existence en dépendait… exactement comme nous pouvons le faire avec l’argent. Le parallèle entre deux objets à base de papier est saisissant! Se réapproprier ces projections nous en libère et nous amène à davantage de conscience et de vérité. En réalité, nous sommes en sécurité, avec et sans papier toilette… avec et sans argent. Nous savons de manière plus ou moins diffuse que notre sécurité véritable ne dépend pas de cela.
Une fois cette prise de conscience réalisée, nous pouvons agir librement, décider consciemment si nous nous jetons frénétiquement sur l’objet de nos projections, quel que soit le type de papier concerné, ou si nous savons que notre survie n’en dépend pas et que nous pouvons avec plaisir en prendre pour nous et le partager avec d’autres.
Le confinement peut être source de liberté.
La situation actuelle nous convainc davantage encore de la pertinence des accompagnements que nous proposons. Elle montre à quel point nous pouvons être prisonniers de fonctionnements inconscients et compulsifs qui en réalité nous emprisonnent, alors que nous sommes toutes et tous capables et appelés à la conscience et à la liberté.